Coups de coeur Livres

Roman de Science fiction

silojpg

Silo

Hugh Howey

 

Dans un futur post apocalyptique indéterminé, une communauté d’hommes et de femmes a organisé sa survie dans un silo souterrain géant. Du monde extérieur, devenu hostile, personne ne sait rien, sinon que l’atmosphère y est désormais toxique. Les images de mauvaise qualité relayées par des caméras, montrant un paysage de ruines et de dévastation balayé de vents violents et ne laissent aucune place à l’illusion. La société est organisée et structurée pour vivre en autarcie : les naissances sont régulées, des fermes produisent la nourriture nécessaire au bon fonctionnement de cette société et pourtant, certains s’interrogent et la révolte gronde !

 

Conjuguant un art consommé du récit et un infaillible sens du suspense, Silo est intéressant à plus d’un titre : il participe au renouvellement du genre littéraire de science-fiction, il a d’abord été édité sur internet sous un format de nouvelles et vu l’ampleur du succès l’auteur a décidé de lui donner une suite. Silo sera donc une trilogie.

 

 

 

 

ROMAN

fortechaleurEn cas de forte chaleur

 

Maggie O'Farrell

 

Londres, 1976. Robert Riordan disparaît après être parti chercher son journal, comme il le fait chaque matin depuis trente ans. Les heures passant et ne le voyant toujours pas revenir, sa femme Gretta avertit ses trois enfants maintenant adultes et partis de la maison familiale. Il y a d’abord Michael, professeur d’histoire à Londres, marié et père de deux enfants mais dont le couple bat de l’aile. Ensuite, Monica, s’ennuie dans sa vie à la campagne, avec son second mari  et ses deux belles-filles, tous aveugles de son mal-être. Partie suite à une dispute avec sa sœur, la plus jeune, Aoife, vit depuis trois ans aux Etats-Unis, où elle tente de cacher tant bien que mal son illettrisme qui l’handicape au quotidien. Maintenant réunis autour de leur mère dans la maison de leur enfance, ils vont tenter de retisser les liens qui s’étaient distendus entre eux mais aussi de comprendre le départ de leur père.

 

Maggie O’Farell dépeint avec justesse les relations familiales et fraternelles mais aussi les émotions humaines, la vie en somme. Elle dresse avec beaucoup de finesse le portrait et le parcours de vie de chacun des personnages, leurs blessures et leurs fragilités, tout en révélant les malentendus, les non-dits et les secrets enfouis des uns et des autres, mettant alors petit à petit en lumière les motifs de la discorde entre les deux sœurs et de la disparition du père. En cas de forte chaleur se lit avec régal, on s’attache à tous ces personnages délicieusement croqués !

ROMAN

amechaussuresN'entre pas dans mon âme avec  tes chaussures

 

Paola Pigani

 

De 1940 à 1946, 6500 tsiganes français furent internés dans une trentaine de camps en France. A partir de sa rencontre dans son enfance avec cette communauté et d’une photographie d’une femme tsigane prise à l’époque au sein de l’un de ces camps, Paola Pigani a imaginé l’histoire d’Alba et de sa famille. Alba a quatorze ans quand elle rentre, vingt quand elle en sort. Malgré cet environnement rude marqué par la guerre, l’enfermement et la misère, le roman relate les instants de beauté, d’espoir et de bonheur qui existent malgré tout dans ce camp, la lumière venant des liens très forts qui relient les êtres entre eux, de la solidarité, de l’insouciance des enfants qui jouent avec le rien qu’ils trouvent, d’un air de musique, d’un passage de grues dans le ciel… C’est aussi au sein de ce camp qu’Alba va tomber amoureuse, se marier et connaître la maternité pour la première fois.

 

 N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures dit le proverbe tsigane. C’est à pieds nus que Paola Pigani entre ici dans l’âme des gitans avec ce beau roman empreint de poésie, qui est un véritable coup de cœur ! Magnifique hommage au peuple tsigane, ce récit est également un beau portrait d’une jeune fille qui, au cours de six années au sein d’un camp, va s’épanouir, sortir de l’enfance et devenir une femme, portée par l’espérance et son rêve de liberté.

chardonneretROMAN

 

Le Chardonneret

Donna Tartt

Theo Decker, adolescent new-yorkais de 13 ans, visite le Métropolitain Museum avec  sa mère; il est en train de visiter la salle 32 du musée ou est exposé entre autre « Le Chardonneret »  tableau de Carel Fabritius peintre Flamand du XVIIe siècle, quand se produit une violente explosion. Il se retrouve indemne mais perdu parmi les décombres avec, à ses côtés un vieil homme agonisant. Théo va échanger quelques mots avec ce vieil homme et très bizarrement celui-ci va l’exhorter à s’emparer du tableau qui est tombé auprès d’eux. Théo va sortir du musée complétement hébété et se précipite à son domicile ou il pense retrouver sa mère.

Commence alors le long récit de son apprentissage où l'on croisera une mère de famille distinguée de New York, une jeune fille rescapée de l'attentat dont Theo tombe amoureux, un restaurateur de meubles et un trafiquant d'héroïne..

Donna Tartt multiplie les rebondissements, jusqu'au final, au faux air de polar nordique, à Amsterdam. Saturant sa narration d'effets visuels, de couleurs, de dérives hallucinées, l'écrivain mène son récit d'une main de maître, tout en semant de petits cailloux philosophiques. Sur la vie (fugace), sur l'art (éternel), qui la transcende, sur la beauté qui « modifie le grain de la réalité ». Car chaque oeuvre d'art est un « choc cardiaque individuel », un « chuchotement secret » qu'il appartient à chacun de saisir.

ROMAN

reparerbisRéparer les vivants

 

Maylis de Kerangal

 

Un matin, à l’aube, sur la côte normande. Simon a vingt ans et toute la vitalité et l’insouciance propres à sa jeunesse.  Avec deux copains, il embrasse l’océan en s’adonnant à sa passion du surf. Mais suite à un accident de voiture sur la route du retour, Simon est transféré à l’hôpital où l’on diagnostique sa mort. En une seconde, tout vacille pour les parents. Dans cette situation âpre et brutale, de déréliction la plus profonde, ils doivent statuer pour le don d’organes tout en acceptant la mort de leur fils. Il est en effet possible de prélever le cœur de Simon. Commence alors le parcours effréné de l’urgence d’une transplantation cardiaque. C’est une plongée saisissante dans l’univers des services de Réanimation où ce spectacle de la vie et de la mort constitue le quotidien de tout un corps médical. Et puis, de l’autre côté, il y a ceux qui sont dans l’attente d’un organe pour pouvoir continuer à vivre, avec leurs peurs comme celles de ne plus être soi-même avec un nouveau cœur ou bien de vivre avec l’idée que l’on doit sa survivance au décès d’un autre être humain.

 

Poignant et sensible, ce roman nous fait prendre conscience du caractère vital du don d’organes. Il nous invite à porter une attention différente sur ce cœur qui bat à l’intérieur de nous, à ce muscle finalement assez mystérieux, véritable symbole de vie, mais aussi réceptacle de notre naissance jusqu’à notre mort de toutes nos émotions. Que deviennent les sentiments éprouvés dans l’ancien corps, une fois les cœurs transplantés ? Réparer les vivants illustre tout en délicatesse le cycle de la vie humaine : si Simon meurt, une femme continuera néanmoins à vivre quelque part ailleurs.

ROMAN

saisondelombreLa saison de l'ombre

 

Léonora Miano

 

Nous sommes en Afrique subsaharienne. L'ombre s'est abattue sur le village du peuple Mulungo. Au cours d'un grand incendie inexpliqué, dix hommes ont disparu. Leurs mères ont été regroupées dans une case commune, à l'écart du village, afin que leur chagrin ne se répande pas sur le reste du clan. Le chef, Mukano, part alors en quête de la vérité. Dans le même temps, Eyabe, l'une des dix écartées, pressent la mort de son fils. Elle décide de prendre la route, seule sur des terres inconnues, se laissant guider par son intuition, en direction du "pays d'eau" qu'elle a vu en rêve. Tous deux découvriront avec effroi que ce sont leurs voisins, les Bwele, qui les ont capturés pour les vendre aux Côtiers, des Occidentaux venus du Nord par l'océan...

 

Léonora Miano est une vraie conteuse. C'est un superbe tableau de l'Afrique avec ses rites, ses croyances, son rapport intuitif et sensitif à l'existence et au monde, que dépeint l'écrivaine dans une langue absolument envoûtante, au souffle et au rythme d'une grande puissance. L'histoire du début de la traite négrière et de la mise en place du commerce d'esclaves au XVIIe siècle par les Européens qui semèrent le chaos entre les différentes communautés africaines auparavant en paix, se déploie sous les yeux du lecteur dans ce récit superbe. La douleur des mères dont les êtres chers ont été arrachés, la souffrance des peuples décimés et assujettis, sont décrits par des images d'une rare beauté.

ROMAN

voyagefakirbisL'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

 

Romain Puertolas

 

A l'image de son titre excentrique, voici un roman d'aventures drôle et complètement rocambolesque ! Ajatashatru Lavash (à prononcer "J'attache ta charrue, la vache", "Achète un chat roux" ou bien encore "J'ai un tas de shorts à trous" d'après le narrateur), fakir indien, parvient grâce à ses talents d'embobineur, à se faire financer un voyage jusqu'en France pour aller acheter un lit à clous tout neuf chez Ikea. Pour remplir cette mission, il ne dispose que d'un faux billet de cent euros. Mais voilà que dans ses aventures hasardeuses, notre héros va se retrouver malgré lui enfermé dans une armoire Ikea embarquée sur un bateau vers la Grande-Bretagne. Commence alors une véritable épopée picaresque aux quatre coins de l'Europe pour lui, riche en rebondissements et en rencontres, mais aussi semée d'embûches avec la poursuite à ses trousses d'un chauffeur de taxi gitan, Gustave Palourde, qu'il avait dupé à son arrivée avec son faux-billet.

 

Il s'agit d'un premier roman très original, débordant d'imagination, d'inventivité et de jeux avec le langage ! Si vous souhaitez rire et vous distraire, plongez-vous sans attendre dans cette histoire vraiment réjouissante ! 

plonger2Plonger

 

Christophe Ono-dit-Biot

 

Ce roman couronné par le Prix du Roman de l'Académie française s'ouvre sur une image forte : celle du corps nu d'une femme morte sur la plage, rejeté par le va-et-vient incessant de la mer, et les cristaux de sel formés sur sa peau blanche. Cette femme se prénommait Paz, une espagnole des Asturies, débordante de vie mais qui étouffait en Europe et avait le goût de l'aventure, des voyages et la passion des requins !

 

Le narrateur est César, le mari de Paz, resté en Europe après le départ de son épouse vers l'étranger, lui laissant à la charge leur jeune fils, Hector. Et c'est bien pour ce fils que le narrateur écrit l'histoire de cette femme aimée et perdue, une artiste photographe, en révolte permanente dans cette Europe où elle se sentait à l'étroit.

 

C'est un très beau roman sur la transmission, la création artistique, sur le désir de paternité, sur le monde d'aujourd'hui - forcément imparfait et bancal. C'est une plongée saisissante dans les profondeurs abyssales des fonds marins à laquelle fait écho une autre plongée, également vertigineuse, dans une histoire d'amour flamboyante mais asphyxiante, vouée à la destruction...

au revoir la hautAu revoir là-haut

Pierre Lemaitre

 

Nous sommes en 1918, les tranchées regorgent de cadavres et de corps mutilés mais la rumeur enfle que l'armistice approche et que la guerre se termine. C'est dans ces derniers instants que le destin de deux soldats va se sceller à jamais. Edouard Péricourt sauve la vie d'Albert Maillard lors d'une ultime attaque sur le camp ennemi, mais y laissera une partie de son visage, défiguré par un éclat d'obus. La Grande Guerre terminée les deux hommes vont tenter de survivre à la barbarie et à une France plus prompte à honorer ses morts qu'à panser les blessures des survivants.

 

Le lien d'amitié fort entre ces deux hommes et le contexte historique par lequel ils ont été unis à jamais vont les conduire jusqu'au bout d'une aventure mêlant activités illicites et problématiques mémorielles.

 

A la fois romanesque et cinématographique, Au revoir là-haut, est à lire absolument !

ROMAN POLICIER

reste-foret2-1405599-616x0Ce qui reste en forêt

Colin Niel

Guyane, forêt amazonienne, Serge Feurerstein ornithologue reconnu dans la communauté scientifique et chercheur à la station scientifique de Japigny en pleine forêt est retrouvé noyé dans une grotte.Les orpailleurs qui se trouvent toujours à la frontière de la légalité sont-ils les auteurs de ce crime ?Les équipes de la gendarmerie vont devoir mener leur enquête dans ce milieu hostile.  Polar original qui change des thématiques habituelles et qui au-delà de l'intrigue policière, nous donne l'occasion d'évoquer les dégâts causés par l'orpaillage en Guyane. Intéressant à plus d'un titre !

claudie gallay

ROMAN

Une part de ciel

Carole est de retour pour quelques semaines dans son village natal dans la Vanoise. Elle y retrouve son frère Philippe et sa sœur Gaby, restés eux depuis toujours dans leur village d’enfance. Leur père Curtil, doit les rejoindre, il leur a donné rendez-vous sans préciser la date exacte. Cela fait trois ans qu’ils ne l’ont pas vu. Depuis toujours ce père étrange les a habitués a ses absences. Carole va profiter de ce moment pour renouer avec sa fratrie mais aussi avec ses amis : Jean, Sam, Franckie, La baronne,  toute une galerie de personnages qui sont tous très attachants. Lentement mais avec une terrible efficacité Claudie Gallay met en place son histoire et nous prépare au dénouement final !

L’écriture est incisive, précise et percutante, les personnages sont authentiques et forts, ce roman fait partie de ces livres que l’on regrette d’avoir fini ! Une véritable réussite.

yellowbirdsYellow Birds

Kevin Powers

Bartle a 21 ans lorsqu'il s'engage auprès des forces américaines dans la Guerre en Irak et qu'il fait la promesse à la mère de son ami Murphy, qui n'a que 18 ans, de le ramener vivant. Mais la guerre est plus forte que les promesses, y compris celles que l'on peut faire à une mère - comme pour se protéger, comme pour éloigner le mauvais sort. La guerre emporte Murphy et condamne Bartle a vivre avec le fantôme de ce dernier, le fantôme de la guerre et des morts semés au gré des combats.

La guerre, ils l'ont d'abord aimée avant de la haïr profondément. Et lorsque Bartle rentre aux Etats-Unis, une autre guerre commence, sous son crâne cette fois-ci, pour tenter d'échapper à ce qu'il a vu et à ce qu'il a fait.

Ce premier roman de Kevin Powers est un véritable choc littéraire. Rien n'est épargné au lecteur, ni le quotidien des combats en Irak et son lot de victimes, ni la problématique de l'impossible retour au pays après avoir connu l'Enfet du bourbier irakien. La langue poétique de l'auteur et la justesse de ton font de ce roman, un livre exceptionnel à ne pas manquer.