Coups de coeur Livres - Epinay sur orge

Roman policier                                 

 Le chinois

 Henning Mankell

Né en 1948 en Suède, Henning Mankell est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages traduits en 27 langues dont la célèbre série consacrée à l'inspecteur Kurt Wallander. Son dernier roman traduit en français « Le chinois » débute par un drame particulièrement horrible :19 personnes sont retrouvées massacrées dans un petit village isolé de suède. En fait, hormis deux personnes toute la population de ce petit village a été assassinée. L'enquête va être menée par deux femmes : une policière « Vivi Sundberg » et la juge «  Birgitta Roslin ». Cette dernière découvre que les parents adoptifs de sa mère font parti des victimes, elle va mener une enquête parallèle qui va la mener en Afrique et en Chine. Roman policier mais également ouvrage de géopolitique au travers de l'analyse que fait Henning Mankell des récentes relations économiques entre la Chine et l'Afrique, « Le chinois » est un ouvrage engagé, qui mêle habilement fiction et réalité.

Roman

 Les Oreilles de Buster

  Maria Ernestam

La première phrase de ce roman donne le ton ...

"J'avais 7 ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et 17 ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution"

C'est Eva qui parle ainsi. Elle a aujourd'hui 56 ans, elle cultve des rosiers et mène une vie tranquille auprès de Sven. Sa petite fille lui a offert un     journal pour son anniversaire et cela a déclenché en elle une envie irrépressible d'avouer ses crimes. Il lui a fallu 10 ans pour mettre son projet à exécution, 10 années à subir les caprices d'une mère égoïste et fantasque, 10 années nécessaires pour se forger une détermination.

Les Oreilles de Buster a reçu le Prix Page des libraires, sélection européenne, exaequo avec Accabadora de Michela Murgia. Ce prix est décerné en toute indépendance par des libraires et bibliothécaires.

Pour information, le Prix Page des Libraires, sélection française est : Turquetto de Metin Arditi ; le Prix Page des Libraires, sélection américaine est : La Femme du tigre de Téa Obreht.

Roman

Accabadora

Michela Murgia

Ce roman est le récit de l’éducation de Maria, née dans un petit village de Sardaigne dans les années cinquante. Issue d’une famille pauvre, elle est rapidement recueillie et adoptée par Tzia Bonaria, une couturière célibataire qui n’a jamais eu d’enfants. Cette dernière souhaite donner un avenir et apprendre son métier à sa fille adoptive, sa « fille d’âme ». La relation entre ces deux personnages est rapidement parasitée par les sorties nocturnes et intempestives de Tzia ; que lui cache-t-elle exactement ?

Michela Murgia nous offre ici un très beau roman, poétique et simple, sur les liens intimes qui unissent deux femmes qui ne devaient pas, a priori, se rencontrer. Ce roman met en scène la Sardaigne des années cinquante, gorgée de soleil, de paysages arides et de chaleur, mais aussi de traditions et de légendes imprégnées dans le cœur de ses habitants. Ce roman a reçu le prix Page des Libraires, ainsi que Les Oreilles de Buster de Maria Ernestam.

Roman

Désolations

David Vann

Irène et Gary ont élevé leurs deux enfants, devenus aujourd’hui adultes. Le couple, installé dans la péninsule de Kenai en Alaska, est à bout de souffle quand Gary annonce à sa femme qu’il souhaite réaliser son rêve : vivre de chasse et de pêche, et surtout, construire de ses propres mains une cabane en rondins au milieu de nulle part. Sa femme Irène l’accompagne malgré elle, et lutte contre d’inexplicables maux de têtes aussi violents que le climat hostile qu’ils vont devoir affronter. Le père, égoïste, ne semble vouloir obéir qu’à son rêve de jeunesse, au risque de voir sa famille éclater et se désintégrer.

Témoin de cet acharnement obsessionnel, la fille du couple, Rhoda, dont la situation amoureuse est tout aussi chaotique, voit ses parents s’enliser progressivement dans leurs névroses.

Après Sukkwan Island, David Vann prouve une nouvelle fois sa capacité à disséquer des liens familiaux complexes. Ce roman est sombre et pessimiste mais aussi superbement écrit et maîtrisé !

Roman

Du temps qu'on existait

Marien Defalvard

 Ce superbe roman commence et s’achève par un enterrement, celui du narrateur qui se lance dans l’évocation rétrospective et rêveuse de sa vie. Né au début des années 1960 dans le confort d’une famille d’aristocrates français, le narrateur parle d’abord de son enfance heureuse et merveilleuse dans la grande demeure estivale et familiale de Sacierges, puis de son adolescence et de sa vie d’homme. Cette longue promenade du narrateur sur sa propre vie est intimement liée au temps et aux lieux qui ponctuent son existence : Paris, Strasbourg, Lyon, Orléans, Tours… Des lieux et des moments d’une vie qui ne font qu’accentuer la solitude, la nostalgie et la mélancolie qui imprègnent le roman de la première à la dernière page. Le narrateur, profondément marqué par la temporalité, ne cesse de regarder vers le passé, de vouloir fuir le présent, comme pour mieux s’en protéger…

Ce premier roman du (très) jeune auteur Marien Defalvard, né en 1992, est époustouflant par son style où semblent planer les ombres de Sagan, d’Aragon ou de Proust !

Roman

Du domaine des murmures

Carole Martinez

Dans ce second roman, Carole Martinez nous entraîne au 12^e siècle. Esclarmonde est une jeune fille de 15 ans promise à un châtelain voisin. Mais le jour de son mariage, elle refuse ce que l’on tente de lui imposer et décide de suivre sa propre voix, à savoir consacrer sa vie à Dieu. Pour respecter sa volonté, elle sera emmurée à vie dans une tour spécialement construite pour elle. Sa décision fait grand bruit autour d’elle et pèlerins et badeaux se précipitent à son chevet. C’est ainsi que de sa minuscule fenêtre, Esclarmonde contemple le monde…

Avec sa langue moyenâgeuse et poétique, ses pointes de fabuleux, Du domaine des murmures est à la fois roman historique et conte. Carole Martinez sait nous raconter de belles histoires et confirme ici son talent.

Roman

Eux sur la photo

Hélène Gerstern

Hélène a grandi sans sa mère. Elle est morte quand elle n’avait que 3 ans et son père a toujours gardé le silence sur elle. A 39 ans, elle retrouve dans l’appartement familial une photographie de sa mère en compagnie de 2 hommes. Sans grand espoir, elle met une petite annonce dans un journal pour tenter de les identifier. Un certain Stéphane lui répond, il semblerait qu’un des 2 hommes soit son père. Une rencontre épistolaire qui va leur permettre à tous les 2 de combler un grand vide…

Ce premier roman d’Hélène Gestern traite de façon pudique et délicate la question somme toute assez classique : que doit-on faire des secrets que nous lèguent nos parents ? L’intrigue se passe en 2007 mais nos deux personnages semblent hors du temps et cela les rend infiniment romanesques.

Un petit roman qui rend hommage à la mémoire familiale que la photographie fixe pour toujours.